Je me revois jadis. Si frêle. C’est bien moi. Mais ça semble être une autre à la fois.
À qui appartenait ce corps, que je ne reconnais pas ?
À peine de présence dans ce corps. Inhabité. Pourtant tant de douleur d’y être.
Pourtant portant un sourire. Pourtant trompant tout le monde de son mirage, de sa « brillance ». De sa « confiance ».
…
Vouloir partir. Vouloir être ailleurs. Me droguer. Me geler. M’illuminer.
Être intoxiquée, “high” de moi même. » Sentir le pouvoir qui est là en moi, et m’en intoxiquer. Et me sentir ensuite comme de la shit.
Avoir ce high qui me permet de me sentir « vivante ».
Mais à qui appartenait ce corps, que je n’habitais pas ?
…
Puis un jour, la vie me donna la chance de tomber. De m’arrêter.
De ressentir. De me déposer. De me découvrir. De ne pas me juger.
Oh sensation ! Oh mon dieu, je me souviens, m’écriais-je : J’ai un bassin !
Découvrir ce que c’est que d’avoir un corps. Avoir une terre sur laquelle se déposer. Atterrir. Ne pas avoir besoin de flotter.
…
Mais Oh comme elle fut maltraiter cette terre ! Maltraiter d’ignorance. Maltraiter de non guidance.
Maltraiter de me détester. Surtout ne pas me comprendre. Ne pas comprendre ce monde.
Ne pas comprendre la force qui me brûle de l’intérieur et pourquoi les autres semblent arriver à « vivre » et pas moi.
…
Puis j’apprends à me déposer. Et mon corps se transforme totalement.
La base de la terre se développe en moi.
Je sens le pouvoir en moi. Il m’intimide. Je veux courir. M’accrocher à un autre. Vite! Vite!
Accepter que j’ai tout à apprendre. Que je ne peux plus prétendre savoir.
…
Oh à qui appartient ce corps, que je reconnais à présent comme le mien.
Je le reconnais.
Ce corps qui m’a été donné en cette vie pour que j’en prenne soin.
Que j’apprenne à vraiment l’habiter. L’assumer. Ce qui l’habite au plus profond de lui.
Tant de pouvoir. Tant de possibilités. Uniquement si je m’abandonne. Et que je ne le prenne sur moi.
Puis cette rage qui veut tout détruire. Ce feu. Cette énergie créatrice. Cette peur.
Cette force de vie.
…
Chaque corps à sa fonction propre. Aller au bout de la fonction qui m’a été transmise.
Assumer cette fonction.
Ne plus vouloir partir au loin pour me fuir. Oh mon dieu.
Vivre avec la force et la faiblesse qui m’habite
M’incarner.
…
Laisser aller ce « rêve » de m’accrocher à quelqu’un d’autre désespérément, caché sous une «grande histoire d’amour ».
Simplement pour ne pas être face à moi-même. Pour que quelqu’un d’autre me supporte. Car je ne me supporte pas.
Être tout pour cette personne et la détester un jour pour ça.
…
Mon cœur est fragile de tout ce qu’il a vécu. Il est fatigué.
Oh cœur. Ça va, ça va, ça va être ok, tu peux te reposer.
Je ne me battrais plus.
Et je vais m’occuper de toi.
…
À qui appartient ce corps que je reconnais comme être mien ?
Pour le temps de sa durée de vie, qu’est-ce que je vais en faire ? De cette opportunité.
Vais-je passer ma vie à avoir peur de moi.
Ou accoucher de cette vie que je porte. Dans sa totalité.
…
À qui appartient ce corps, qui m’a été donné ?
Et qu’est-ce que je ferai du potentiel qui s’y trouve.
Et ce jusqu’à son dernier souffle. Et bien au-delà.